mercredi 17 juillet 2013

Humain ?

Humain, c'est avec la Syrie que tu sombres aujourd'hui. Sur ses cendres brûlantes que tu trébuches et t'enlises. En ce début de siècle, pas plus glorieux qu'un autre, voilà que tu te noies à nouveau dans les brouillards malsains de l'abandon.
A chaque viol, chaque torture, chaque fracture de milliers de tes pairs, tu t'avilis des peaux sales d'un accord souterrain. Face aux souffrances qui ont tous les noms et qui n'ont plus de noms à force de grandir, tu te détournes, tu t'ossifies, te désintègres. Tu attises ta chute sur les gravas d'un pays dont tu te moques du calvaire. Tu poignardes ton âme à chaque visage d'enfant meurtri que tu gardes à bonne distance de ton coeur. Tu dérapes sur les charniers, t'ensables dans l'ignorance. Tu fuis la trace des mains barbares qui se répandent en d'innombrables chemins. Tu absorbes sans sourciller l'idée de ces exils qui gonflent, porteurs des drames les plus sombres. Et tu t'abaisses même à trouver dérangeant la marche désespérée de ce peuple fier et grand d'une culture qui t'a nourri, devenu, en un éclair de rage, tribus de misères, de valises et de tentes.
Tu te fermes à tout, tu fais le noir en toi. Aveugle. Frappé de cécité. Vidé de tout amour. 
A ne pas t'élever, tu te couches. Tu ne t'éveilles pas. Rien ne te sauve.
Mille fois déjà, dans les méandres de l'histoire, tu t'es perdu, renié, trahi, pataugeant dans le meurtre des tiens, vomissant des haines fulgurantes, entaillant à jamais ta conscience.
Et pourtant,
Empêtré dans l'oubli
Étriqué d'égoïsmes
Aucune mémoire ne t'irrigue.

Marion Coudert

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