Petit vendeur de la place Marjeh - Damas. © Nicolas T. Camoisson |
C'est pour lui, pour ce gosse et ses rêves, que le peuple syrien a élevé son chant de liberté au delà de la peur. Pour que naisse de l'espoir dans ses yeux. D'autres possibles qu'une vie étriquée, déjà jouée dans la cour des hiérarchies, déjà écrite et sans recours.
Où est-il aujourd'hui ce fier petit garçon ? Sous quels gravas ? Dans quelle fosse commune ? Sur quel chemin d'exil ?
Et s'il vit, s'il a grandi, que pense-t-il aujourd'hui alors que, de toutes parts, ne percent que les paroles de rage, propagandes et contre-propagandes sans fin, frénésie partagée par tous d'une fureur hors contrôle qui ne laisse aucun espace à l'avancée de l'espoir ? A quoi s'accroche-t-il alors qu'une charge malsaine fait son nid, chaque jour un peu plus, dans les esprits, les visions, les volontés qu'il nous faudrait unir et protéger pour veiller la Syrie ? La guerre, catin vicieuse et sûre d'elle, salit sans distinction de camps et de clans. Elle est à l'oeuvre, sauvage et fourbe, jouissant des dégâts collatéraux qu'elle sème en divisant. Radicale, sans concessions. C'est bien connu, il faut des chefs, de ceux qui savent diriger, prendre, imposer, élever plus haut la voix... Mais un chant de liberté ne peut revêtir le manteau des hurlements sans se perdre et laisser le chemin s'effacer. Ce chemin... Celui du ciel et des nuages et des pointillés que dessinent les oiseaux pour que les enfants rêvent. Ce chemin... Qui n'est pas celui de la rage. Ce chemin... Précis, unique, escarpé, difficile et lumineux malgré tout. Ce chemin... Celui qui doit s'écrire avec, au coeur, les yeux, le sourire, l'envie et le courage du fier petit garçon de la place Marjeh.
Marion Coudert
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