dimanche 15 septembre 2013

La terre de Syrie

Elle est là. Toujours. Malgré le sordide et l'abandon, hors sentiers. Loin, plus loin. Bien avant. Bien après. Elle est là. Elle sera là. Belle et limpide. Dans les plis secrets de nos mémoires. Enfouie sous le sang et la rage. Elle est là toujours. Avec sa lumière précise. Avec son aube franche. Et l'ample mouvement de ses rues. Et l'enveloppe étroite et chaude de ses souks. Elle respire encore dans l'abrupt de ses déserts qui ne concèdent rien et ont déjà tant vu. Elle éclate, quoiqu'il arrive, sur les berges de ses fleuves, démêlant malgré tout, malgré les hommes et le temps, et renouant toujours avec l'initiale beauté, celle que rien n'altère. Avec ses moissons à venir. Et l'éclat de ses arbres. Et la force de sa sève.

 La terre de Syrie.

Elle est là. Tapie dans les tourments d'un présent sans majuscule qui s'étire en langueurs médiocres d'indifférence et de cynisme. Elle attend. La venue des roses et du jasmin. Elle se dessine encore sous les gravas d'un monde au souffle moribond. Mais elle n'a rien perdu. Tout est là. A la lisière. Prêt à renaître. Avec la mémoire alourdie et forte aussi de ceux qui sont partis. Elle est là. Simple. Avec sa majesté particulière teintée des atours d'une histoire qui s'écrira toujours en farandoles de contes et de légendes.

Elle est là. Avec le doux de ses collines, la fierté de ses montagnes. Basalte au coeur, clarté de l'horizon.  Elle est là.
Terre aimante et d'une infinie sagesse, généreuse assez pour montrer le chemin de la patience.  Et lumineuse d'un amour qui se nourrit des ciels profonds.

Elle est là.
Elle a encore le goût du pain.

La terre de Syrie.

Marion Coudert.

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