Offrande. N.T. Camoisson |
Le sang du printemps 13/...
Hamza demeure.
Hamza demeure.
Nous parlons, nous argumentons, nous dissertons, nous oublions, nous nous éloignons, nous nous lassons, nous survolons, Hamza demeure. Avec ses treize ans, son visage rond d'enfant gourmand, ses yeux caramels, son regard sage d'enfant gentil.
Nous dansons, nous nous étourdissons, nous passons à autre chose, nous enchaînons, nous négligeons, nous désertons, Hamza demeure. Avec ses treize ans, ses rêves, ses lendemains à construire, sa vie à échafauder.
Nous traînons, nous tergiversons, nous envisageons, nous hésitons, nous esquivons, nous nous détournons, Hamza demeure. Avec ses treize ans, son corps qui ne se ressemble plus, traversé de blessures, ravagé de brûlures, son visage parsemé de coups, gonflé de sang, saisi de peur.
Nous pouvons toujours expliquer, plaider, excuser, larmoyer, atténuer, disqualifier, Hamza demeure.
Marion Coudert
HAMZA
RépondreSupprimerSur le pas de la porte, il se tenait tout droit.
Le visage poupin de rondeurs enfantines
Un regard à faire fondre la Vierge Célestine
En larmes… de tendresse, de pitié ou d’effroi…
Dans les champs de Horane poussent les mimosas…
Il n’avait que treize ans…et s’appelait Hamza…
Puis il s’est élancé, parmi les barricades
Aux hommes en colère porter des victuailles
Elle était inégale, injuste la bataille,
L’armée les pilonnait à coups de canonnades
Dans les rues de Deraa, par les champs de colza
Débordant de bravoure, se faufilait Hamza…
Etait-il de ceux-là, parmi ses camarades
Qui firent ce qu’en quarante années nul n’osât ?
« C’est à ton tour, Docteur ! » Et la PEUR se brisa
Contre ce mur de pierre pour presque une charade… !
Et de cette étincelle, un volcan s’embrasa !
Aux confins du pays, là où vivait Hamza…
Mais la pieuvre exécrable prît dans ses tentacules
L’enfant, son innocence, les fleurs de l’avenir…
Et pour l’Humanité, son vivant souvenir
Demeurera gravé en lettres majuscules
Et soudain le soleil de ton sang s’irisa
De tes larmes, tes cris, ta souffrance Hamza…
Comment peut-on décrire ce crime abominable ?
J’ai épuisé les mots des livres de grammaire….
Comment imaginer sa pauvre, pauvre mère
Découvrir son cadavre rendu méconnaissable ?
Mon ange, mon bel ange on te martyrisa !
Paix à la pureté de ton âme Hamza…
MAIS OU ETES-VOUS DONC, LES JUSTES DE LA TERRE ?
LES DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME, DE L’ENFANCE ?
SOUS VOS YEUX MEURT UN PEUPLE DANS L’INDIFFERENCE !
JUSQU'A QUAND ALLEZ-VOUS REGARDER ET VOUS TAIRE ?
Et comme un oiseau libre lance à travers les airs
Des notes cristallines vibrant de sa luette
Il me semble entendre ta voix encore fluette
Répéter un refrain, bien sûr imaginaire… :
Je suis tombé par terre
C’est la faute à Maher
Je crache sur les chars
Tu tomberas Bachar…
Racha Loutfi