mercredi 8 février 2012

Le triste mensonge des cloisons

Fenêtre du bimaristan Argoun, Alep-Syrie. N.T. Camoisson
Le sang du printemps 14/...

Ils se hissent dans le coeur même de leurs peurs. 
Et de discours en surenchères, ils s'érigent en bannières dangereuses. 
Ils s'aveuglent à force d'aveugler la route. 
La ligne des vertiges a été franchie depuis longtemps.
Elle brûle, anéantie, effrayée de sa propre image.
Il n'y a plus de carrefours, pas d'étapes.
Le jour n'est pas encore levé que déjà ils rebaptisent la nuit. 
Ils ont sous la peau la fureur, l'ombre les précède et les suit.
Ils se traînent, se voûtent et se font sourds aux danses. 
Ils sacrifient l'enfance au drapeau de leur cause. 
Ils détrônent les songes et convoquent le cri.
Rompus de fatigue et de sang, ils s'acharnent encore.
Et chaque désastre qu'ils orchestrent, poudre noire dans leurs veines, les fascine, les appelle, les galvanise.
Puis ils tissent sans se lasser la toile noire censée les dédouaner de leurs mains.
Ils finiront par nous faire croire aux tristes mensonges des cloisons.

Mais vous,
Fragiles sous le feu,
Seuls au monde dans le pays-prison,
Vous êtes debout,
Et vous traversez, courageux, nos silences.

Marion Coudert

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