vendredi 27 janvier 2012

Combien de sobiahs ?

Sobiah neuve dans un atelier de Damas. N.T. Camoisson
Le sang du printemps 7/...

L'hiver, lorsque le froid parcourt les berges de l'Oronte, les artisans des norias se regroupent autour de la sobiah.
C'est un moment joyeux.
Se réchauffer, se frotter les mains, les serrer autour du verre à thé brûlant.  
La sobiah du chantier n'a besoin d'autres bois que de ceux vieillis des norias. 
Ensemble, les artisans traversent l'hiver, avec la candeur qui les caractérise lorsqu'ils sont réunis. Ils sont amis et plus encore. Ils se connaissent, se saisissent dans leur moindre geste. Ils sont une famille soudée dans laquelle chacun des membres est attentif à l'autre. Ils partagent leurs repas et leurs soucis avec simplicité, sans manières. Ils se veillent dans l'effort et dans le danger. Ils ont appris auprès des grandes roues le calme, la prudence, l'art si difficile d'être à l'écoute de l'autre, entièrement. Ils se savent liés, frères et responsables, dans chacun des soins qu'ils prodiguent aux norias.
Le silence ne les gêne pas et ils savent rire d'un rire franc et frais.
Combien de sobiahs pour réchauffer le coeur d'un peuple échoué sur le fil des violences ?
Quels mots pour rappeler les amis d'hier, ceux qui, hier encore, venaient, se rassemblaient, et réchauffaient leurs rires près des mêmes sobiahs ?
Quels gestes à inventer pour  traverser l'hiver, cet hiver-là si rude ?
Quels possibles pour trouver, retrouver le chemin de la chaleur de l'autre ?
Combien de sobiahs ?

Marion Coudert

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