Lattaquié 2011

Le sang du printemps 3/...

Le film commence avec un zoom sur un homme au visage boursouflé de coups, marqué de poches de sang sous les yeux. L'homme est debout, les mains attachées dans le dos. Malgré le ravage des traits, on devine un homme doux. Un de ces paysans, au regard accueillant, un homme avec qui partager un thé ou un repas doit être un moment de rire et de candeur. 

Mais, pour l'heure, la caméra obscène filme ses plaies, sa peur, sa soumission, ses mains attachées dans le dos.

Il est entouré de soldats qui le bousculent, lui ordonnent de rire, de dire "Bonjour, vous voyez je vais bien", "Merci à mon président". Puis les coups pleuvent. 

Un autre soldat arrive alors et dit à ses compagnons de ne pas lui faire de mal. 

Il s'approche, le rassure, lui demande s'il a besoin de quelque chose. La réponse de l'homme fuse en une supplique timide, car oui il a besoin de son tube contre l'asthme qu'il ne peut attraper dans la poche de sa chemise. 

Le soldat le sort, lui deux deux ou trois pressions, lui demande si ça va mieux. 

L'homme s'apaise, respire, son torse se redresse avec une inspiration profonde. 

Le soldat attend la réponse positive de l'homme puis lui assène un coup d'une violence telle que l'homme vacille et tombe lourdement. 

La caméra s'éteint sur le rire gras et bruyant des soldats qui s'amusent. 

Lattaquié, 2011. 

M.C.