samedi 6 juillet 2013

Qu'avez-vous à perdre ?

Petite fille d'Alep. © Nicolas T. Camoisson
Il s'agit d'enfants que l'on trucide sans pitié pour ceux que l'on tue. Il s'agit d'enfants que l'on force à n'apprendre que la monstruosité de l'homme pour ceux que l'on ne tue pas. Il s'agit de femmes que l'on viole comme en un jeu, d'hommes dont la vie est déconsidérée sans plus aucune limite.
Il est question d'hommes et de femmes qui disparaissent sans que l'on ne sache plus rien de ce qu'ils deviennent. Annulés comme s'ils n'avaient jamais existé. Il est question de tortures, de violences sans fin que l'on imprime, en jouissant d'un pouvoir sauvage, dans la chair d'êtres humains. Il est question de famine, conséquence évidente, qui gangrène, sans prévenir, le corps d'enfants et de vieillards et les laisse pour morts dans les méandres silencieux de nos indifférences. Il est question d'exils qui contraignent des vies par millions en une suite ininterrompue d'humiliations et de pertes. 

Il s'agit d'une culture, d'une immense culture, dont la noblesse et le raffinement bercent toujours nos imaginaires, que l'on saccage sans vergogne, sans plus aucun égard pour notre mémoire commune. Il s'agit de villes que l'on rase sans ménagement. De paysages qui, hier, éclataient de douceur et qui ne sont plus aujourd'hui que l'expression d'un chaos lunaire. Il s'agit d'écoles que l'on dévaste, d'hôpitaux que l'on broie jusqu'aux cendres. Il s'agit d'une terre que l'on brûle sans préavis. Il s'agit d'une rage à détruire et d'une perversité exaltée que rien n'altère.

Il est question d'hommes et de femmes politiques qui regardent, s'émeuvent à peine et engloutissent leurs scrupules dans le gouffre faussement pragmatique de stratégies suicidaires. Il s'agit de stratégies qui saignent tous nos héritages, toutes nos dignités, tous nos avenirs.

Il s'agit d'un peuple composé de gens comme vous et moi. Pas pires et pas meilleurs. Mais si exemplaires de s'être élevés au-delà de leurs peurs pour réclamer ce dont nous jouissons, sans même plus y prêter attention.

Il s'agit de nous, de vous et de moi.
Qu'avez-vous à perdre à vous insurger contre ce qui blesse l'humain dans leur coeur même de son âme ?
Avez-vous donc vraiment renoncé à ce qui nous fonde et nous unit quelles que soient nos cultures et nos frontières ?
Qu'avez-vous à perdre à rester humain ?

Marion Coudert

1 commentaire:

  1. Marion, solidaire avec les amis Syriens depuis le début je voulais vous dire depuis longtemps combien vos messages me touchent.... dont ce dernier qui une fois de plus m'a tiré des larmes.
    Bien à vous.
    krica de Paris.

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