Qui se lèvera pour le peuple syrien ?

Une dame en Syrie

Quel est le nom de la folie qui vous anime, énarques de tous les pays ? Quel est le remède au poison de cynisme qui irradie vos coeurs ? 

A l'heure où vous, grands de ce monde, faites lire et relire, dans le confort outrancier de vos raisonnements, les mots pour Madiba, à l'heure où vous vous préparez à citer, à sa suite, en de lyriques intonations, les noms de Gandhi ou de Luther King, quel venin de mensonge étouffe vos consciences ? 

S'il devait se lever une fois encore, alors que vous apprêtez à vous agenouiller faussement, Madiba se tiendrait devant vous, avec ses yeux de franchise et d'amour plantés dans les vôtres, et vous demanderait quel nom vous donnez au meurtre du peuple syrien. Baisseriez-vous les yeux face au limpide souffle du grand monsieur ou bien, parce qu'il faut bien l'envisager, trouveriez-vous dans le catalogue de vos errances criminelles, la pirouette diplomate adaptée, pour botter en touche, l'air de rien ?

Après avoir lu les éloges à celui qui a arraché la liberté de son peuple dans les mains mêmes de son oppresseur, qui de vous se lèvera pour refuser l'abandon programmé du peuple syrien ? Qui de vous aura ce sursaut d'humanité qui fait tant défaut parmi vos rangs de puissants ? Qui de vous aura le courage d'accepter de perdre les privilèges du pouvoir pour la défense de l'humain ? 

Et vous, vous tous, qui bouclez vos valises pour le soleil et le sable fin, quand vous lèverez-vous enfin ? Qu'apprenez-vous à vos enfants de ces enfants qui meurent de faim et de violences ? Quelle idée vous reste-t-il, sur le chemin de vos vacances, de ce qui fonde notre part d'humanité, de ce qui conduit notre dignité, de ce qui engage nos responsabilités ?

Vos réponses prévisibles, épuisantes, celles que chacun posera sur la table en guise en d'argument, d'une incompréhension légitime, d'une distance de cultures, de religions et puis celle, si humiliante, d'une misère du monde qu'on ne peut pas prendre en charge dans sa globalité, vous dégradent et désossent tout de nos espoirs. 

Qui se lèvera pour tous les Hamza de Syrie, enfants morts sous des mains de tortures ?

Qui se lèvera pour toutes les femmes, mères ou jeunes filles, tellement violentées, tant et tant abusées ?

Qui se lèvera pour dénoncer le crime odieux de laisser ceux qui n'ont plus rien finir par mourir de faim ?

Qui, enfin, se lèvera, parmi les militants de l'exil, pour balayer les vents médiocres des discordes et inscrire l'unité comme une force ?

Qui, des énarques du monde, des simples que nous sommes, criera plus haut que les autres, avec le courage d'un Mandela, la sagesse d'un Gandhi, la conviction d'un Luther King, pour la Syrie qui se meure ? 

Qui se lèvera pour le peuple syrien ? 

Marion Coudert