mercredi 21 mars 2012

J'ai nommé le jour...

Cimetière sud de Damas-Syrie. Photographie N.T.Camoisson
Les sang du printemps 32/...

J'ai nommé le jour en pleine nuit.

Je marchais près des corps effacés.
J'étais ces corps dans les fosses banales des combats.
J'ai vu l'oiseau s'enfuir et guetter dans le ciel 
un chemin hors des terres.
J'ai chanté comme on chante le fleuve éteint.
J'ai promené ma main sous la peau des brûlures. 
J'ai entravé mon pas pour taire ma parole.
J'ai pleuré pour le large, il fallait demeurer.
Et piétiner entre les ventres desséchés.
La lune ne voulait plus quitter son poste.
Chaque arbre portait le deuil de ses regards forcés.
Le vent cherchait en vain un gouffre où s'exiler.
Tout fuyait dans une grande débâcle silencieuse.

Seuls les hommes s'obstinaient à s'abreuver les uns des autres, convoquant dans leurs cris d'autres noces de sang.

Mais j'ai nommé le jour en pleine nuit.
Et l'autre pays à construire.

Marion Coudert

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