mercredi 28 mars 2012

Un chant s'élève

En ouvrant ce blog, il y a quelques mois, j'avais écrit ce texte car le chant s'élevait.
C'était un chant si courageux.
Aujourd'hui les armes, de tous les côtés, affectent le chant.
Le bruit des bottes est la pire des mélodies...


Le sang du printemps 1/...

Des cendres bougent, la terre s'éveille, le sang coule, le chant s'élève. 
Un mot renaît. il passe de bouche en bouche comme une saveur longtemps interdite. Il s'écrit, se chante, se clame, se diffuse jusque dans l'odeur de la terre. Houria. Souria Houria. 
La page qui se tourne est raturée de violence. Une violence qu'aucune image n'atteint. 
Libérée, délibérée. Aussi libre que le chant de ceux qui marchent dans la rue. 
L'autre n'a plus de visage. 
La mort même n'arrive pas à les faire taire. Les enfants du pays de Cham ont relevé la tête. Ils se parlent. Et les voix se heurtent les unes aux autres et le sang accompagne chacun des chants. 
Le sang, la douleur, l'indicible souffrance des mères, la sourde révolte des fils. 
Et le sang mène à la bataille les frères et les soeurs. Il révèle toutes les manipulations, toutes les agressions, le sadisme tu trop longtemps de certaines mains, la lâcheté dévoilée enfin de certains regards, le courage hors des normes de certains coeurs.
Et le sang mène la danse dans une dabké meurtrière que rien ne semble apaiser.
Les pays de la pluie ont nommé cette danse "le printemps" comme si le sang avait quelque chose à voir avec les bourgeons fragiles des matins d'avril. 
Et ce n'est que l'hiver qui enveloppe tout, un hiver long et dangereux avec ses vents de tortures, de mort, d'oubli et de désespoir. 
Cet hiver-là attaque les enfants, gèle leur avenir dans une tourmente de mépris. 
C'est un hiver qui enfonce chaque voix un peu plus dans la peur.
C'est un hiver qui ne décrit que la peur de l'autre. 
Le printemps n'est que l'autre.

Marion Coudert

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire