lundi 21 octobre 2013

Sous nos yeux

Wassime Zakor, petit garçon de Syrie
Le petit Wassime est mort trois fois. Il est mort dans son coeur une première fois quand il a perdu ses parents soufflés par les bombardements. Il est mort une deuxième fois lorsque ses yeux se sont fermés sous la rage d'un sniper, lassé sans doute de le voir faire les poubelles. Et il est mort une troisième fois, abandonné, sans prières ni pensées pour lui. Son corps resté seul à se décomposer. Seul, là où il s'est écroulé.

Et nous ?
Sommes-nous vraiment encore en vie ? Pouvons-nous encore défendre que nous sommes humains, nous qui nous contentons de rajouter ce petit garçon au décompte des 8332 enfants fauchés par la rage ? Quels autismes nous enferrent à ce point ?  Quelles peurs nous entravent si lourdement ? Quelles folies de supériorité nous rabaissent si fortement ? A quelles froideurs décidées avons-nous souscrit ? Que reste-t-il de nous, de nos cités, de nos discours, de nos regards, de nos marches, de nos dignités ? Qu'apprendrons-nous à nos enfants ? Qu'allons-nous insuffler dans leurs coeurs si nous nous soumettons, serviles et sans conscience, à regarder le petit Wassime s'effacer de son corps sans un mouvement ? Quels chemins leur imposons-nous ?  Quel appel au secours, succédant à mille autres, franchira la ligne de nos fraternités éteintes ? Qu'est-ce qui peut encore sauver nos coeurs que nous délaissons tant ? Quand refuserons-nous de nous aliéner ainsi de nos âmes ? Quelle douleur de ces autres que nous voulons lointains rongera assez nos mémoires pour que nous nous levions à nouveau ? Quelles colères nous secoueront suffisamment pour que nous appelions à la fin du supplice de ces enfants ? Nous sommes-nous perdus dans les dédales de nos si fragiles libertés ? Quand avons-nous pactisé avec l'indifférence ? Quand avons-nous renoncé à nous laisser traverser par l'amour ?
Quand prendrons-nous enfin le petit Wassime et les enfants de Syrie dans nos bras, dans nos coeurs, dans nos élans de vie ?
Quand marcherons-nous à nouveau vers notre humanité ?

Marion Coudert

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