Combien ?

Combien de rapports et combien de charniers ? Combien d'enquêtes et combien de sièges ? Combien d'assauts et combien de charges ? Combien de haines orchestrées ? Combien de stratégies funestes ? Combien de tourmentes planifiées ?  Combien de harangues honteuses pour le noir d'un drapeau ? Combien de cris blessés sous le joug des tortures ? Combien d'effrois sous les peaux ? Combien de femmes violées ? Combien de mères au regard fou ? Combien d'enfants sans lendemains ? Combien d'enfants disloqués ? Combien d'hommes encore à tomber ? Combien de voix écrasées ? Combien de voix égorgées ? Combien de voix éteintes ? Combien de ventres là et de têtes là-bas ? Combien de corps écartés de leurs âmes ?  Combien de membres à chercher sous les pierres, combien de bras, de jambes, d'entrailles ? Combien de poumons étouffés de gaz ? Combien de noms de gaz ? Combien de visages figés ? Combien de disparus annulés de nos vies ? Combien de maisons désertées ? Combien d'histoires ensevelies sous leurs décombres ? Combien de champs stériles ? Combien de moissons éventrées ? Combien d'écoles dévastées ? Combien d'exils misérables ? Combien de marches opprimées? Combien d'humiliations froides ?  Combien de paroles interdites ? Combien de parcours empêchés ? Combien d'efforts anéantis ? Combien de rêves méprisés ? Combien de talents fauchés ?

Combien de sommets ? Combien de faux-semblants ? Combien de rhétoriques mensongères ? Combien de lignes rouges, vertes, bleues, transparentes et au final si noires ? Combien d'abandons ? Combien de renoncements ? Combien de lâchetés ? Combien d'ententes indignes ? Combien de complicités ? Combien d'indifférence ?

Combien de temps à supporter l'insupportable ?
Combien de temps à accepter l'inacceptable ?
Combien de temps à tolérer l'intolérable ?

Combien de matins broyés encore ?
Combien ?

Marion Coudert