lundi 27 février 2012

Si vous chantez pour nous

Rue de Damas, Syrie. Photographie N.T. Camoisson
Le sang du printemps 21/...

C'est une immense solitude. 
C'est une solitude injuste que rien, aucune excuse, aucun retard, aucun argument ne pourra justifier.
Mais c'est bien pire encore...
Se rendre compte que l'autre, le frère, celui pour qui nous avons marché, celui-là n'est pas là. 
Les frères arabes, libanais, égyptiens, tunisiens, palestiniens, ces frères qui partagent une même culture, un même combat, une même souffrance, un même questionnement pour demain, pas là... 
Les frères occidentaux, de France ou d'ailleurs, qui ont passé tant de temps dans nos rues, nos maisons, sous la lumière légère et chaude de nos villes, dans l'enthousiasme de nos danses, à l'ombre de notre histoire, pas là...
C'est une solitude qui nous ferait baisser les armes, celles de nos chants, de nos espoirs, de notre foi.
Car vous n'êtes pas là.
Trop loin de nous, les yeux fermés, l'attention tournée vers d'autres mondes.
Pendant que nos enfants plient et tombent sous les violences absurdes. 
Pendant que nos jeunes, nos femmes, les plus vieux d'entre nous, restent dignes, courageux au-delà des limites.
Pendant que nous traversons l'insupportable, vous n'êtes pas là. Vous avez trop à faire ailleurs. 

Et votre silence nous est la pire des violences. 

Mais si vous venez
Si vous parlez pour nous
Si vous chantez pour nous
Si vous vous tenez en silence juste à côté de nous 

Alors nous serons forts, nous nous tiendrons debout, nous traverserons toutes les souffrances avec la force de la fraternité, nous serons forts pour nous mais aussi pour vous. Pour que demain ne soit pas irrigué de peur et de colère mais de confiance, de liberté et de partage.

Marion Coudert


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