Il y aura un refuge

L'eau de l'Oronte. Rastan-Syrie. Photographie N.T. Camoisson

Le sang du printemps 19/...

Je te fais le serment, enfant de la vallée rebelle, qu'il y aura un refuge pour tes mots de douleur. 

Le vieil olivier restera sur la terre et il irriguera l'horizon et la main. Aucun animal fou ne pourra séjourner dans le pays des jours sans payer en retour de ses intentions vertes.

Aucun homme en armes.

Aucun homme en armes ne pourra traverser sans déposer son pied au pied de vos chansons.

Le long manteau des hommes protègera toujours la source et les enfants et tu pourras grandir dans ton pays et dans tes songes.

Je te fais le serment, fils du vent et des routes, qu'il y aura un refuge pour tes mots de douleur.

La terre sera sauve de toutes ses beautés et tu pourras danser sans peur et sans contrainte. Le glaive et la mémoire, la lame et le sillage, les territoires brûlés à cause de leurs noms, les territoires isolés à cause de leurs chants, les territoires étouffés à cause de leurs cris, ne seront plus qu'appartenances dérisoires et les féroces loups n'engageront jamais leurs meutes dans vos champs. 

Je te fais le serment, enfant d'un si étroit présent, que tes mots de douleur trouveront des amis, des frères et un pays.

Marion Coudert