lundi 13 février 2012

Rire à Homs

Fontaine Bimaristan Argoun, Alep-Syrie. Photographie N.T. Camoisson
Le sang du printemps 18/...

Pour s'amuser tous les syriens usent d'un panel de blagues qui sont un peu comme les blagues françaises sur les Belges. Ce n'est pas méchant, parfois même assez affectueux. Donc, dans toute la Syrie, on se moque gentiment des homsiotes. Combien de rires avec mes amis syriens ainsi traversés pour ces boutades bon enfant et qui vous mettent forcément de bonne humeur ?
Mais voilà, aujourd'hui, les blagues sur Homs ont le goût des grandes tristesses, des gâchis inutiles, de la bêtise atroce de la violence, le goût de toutes les rages et celui de l'impuissance. 

Et puis l'image de ce médecin jeune qui s'épuise à veiller les siens, l'image d'un courage dompté au-delà de ses limites. Témoin, acteur, essentiel, humain totalement dans les gestes qu'il prodigue et qui apaisent, dans la révolte et le désespoir de ses yeux devant les corps qui défilent, dans la force qui l'irrigue et le tient debout. Témoin, acteur, essentiel.

A Alep, dans le bimaristan Argoun, on soignait les fous des bonnes familles avec le bruit de l'eau. 
On accordait à l'eau des vertus apaisantes, la force des contes, la force de la paix, la paix pour l'âme.
C'est un peu de cette force, la force des contes, des légendes, la force de la paix, des utopies, du courage, de la foi en l'homme envers et contre tout, qu'il nous faut partager.
Et, malgré la distance, croire qu'elle ira rejoindre les amis de Homs, et ceux qui, dans les rues de Syrie, sont debout et fragiles.

Marion Coudert

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