mercredi 1 février 2012

Pour que les morts se comptent

Le sang du printemps 9/...

Enfant d'Alep-Syrie. Photographie N.T. Camoisson
Des stratégies.
Des stratégies par centaines. 
Des stratèges, fins connaisseurs, passionnés par, des experts, conseillers, politologues, géopolitogues, superpolitologues. Des spécialistes de, des "qui savent tout depuis longtemps sur", des "qui sont sûrs d'avoir tout juste parce que c'est comme ça et pas autrement que l'histoire s'écrit aujourd'hui". Des diagnostics, des pronostics, des analyses, des coups de plumes radicaux, des flambées d'encre et de salive, des envolées de haine à crever les plafonds déjà noircis de frayeurs quotidiennes. 
Des stratégies par centaines pour désigner le lisse chemin d'une sortie de crise qui prend, selon les camps, des noms drapeaux fauteurs de troubles à endiguer au mieux, à enfouir sous terre au pire. Rebelles, terroristes, insurgés, salafistes, traîtres, loyalistes, criminels, assassins, révoltés, opposants, manifestants, chabbiha, moukhabarat et puis bientôt, on y est presque, déjà... Sunnites, chiites, alaouites, chrétiens, druzes, kurdes, ismaéliens... Des lectures à foison, des éditos, articles, flash, scoop, buzz, focus. Et des spéciales pour des émissions par des envoyés dont certains, si précieux, y trébuchent et s'y perdent. Un appel d'air médiatique unique rien que pour les stratèges, pour que s'écrivent les stratégies, que se déploient les analyses et que les morts se comptent.
Une stratégie pour la paix est-elle encore possible ? Celle-là, l'unique qui requiert l'intelligence du dépassement, celle qui permet de ne pas baisser les yeux face aux yeux des enfants ?

Marion Coudert

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